Le travail réalisé par Sebastian Stadlbauer peut parfois faire la différence entre la victoire et la défaite. Il œuvre au sein de l’équipe de développement de produits du fabricant de skis Fischer, où il est responsable des skis des sportifs de haut niveau pour du ski nordique. Sa mission consiste notamment à veiller à ce que le meulage des skis soit parfait.

En effet, le meulage est l’un des éléments clés pour permettant à un skieur de fond ou à un biathlète d’atteindre la ligne d’arrivée en premier, en plus d’autres facteurs techniques comme les skis eux-mêmes et le fart. Si le meulage est réussi, le ski adoptera une position optimale sur la piste, glissera rapidement et sera plus facile à diriger.
Par ailleurs, il existe un nombre presque infini de schémas de rainures à poncer dans les skis. Le choix dépend de la texture de la neige et des préférences personnelles de chaque sportif.

Fischer, le leader mondial des skis de ski nordique, utilise environ 30 structures différentes. Leur qualités ainsi que celle des skis dans leur ensemble doivent répondre aux exigences les plus strictes, car l’entreprise équipe l’écrasante majorité des fondeurs et des biathlètes de haut niveau.
« Si notre produit n’est pas bon, nous avons un très gros problème », affirme Sebastian Stadlbauer. « Car en sport de haut niveau, tout peut se jouer à un détail. Si les skis d’un athlète lui permettent de glisser sur dix centimètres de plus dans une descente et ainsi de se reposer un peu plus longtemps, cela peut déjà faire la différence. »

« Si notre produit n’est pas bon, nous avons un très gros problème »

Stadlbauer et son équipe utilisent l’appareil SURFCOM TOUCH 50 d’ACCRETECH pour mesurer le profil des skis après la production. Ce rugosimètre portable entre en action dès qu’un ski quitte l’une des quatre meuleuses de la production Fischer. À l’aide d’un diamant, les machines découpent un schéma de rainure spécial dans la meule, qui transmet ensuite le même dessin sur le revêtement en plastique du ski.

« Après avoir réglé le meulage sur la machine, nous réalisons un ski d’essai que nous mesurons », explique Sebastian Stadlbauer. « Si la mesure montre que la plage de tolérance est respectée, nous lançons le processus de meulage. » Des échantillons sont ensuite prélevés pour contrôler si la rugosité de la surface est I.O. (« In Ordnung » (correct)) ou N.I.O (« Nicht In Ordnung » (incorrect)). Fischer produit ainsi de 100 à 200 skis par jour. 20 à 30 d’entre eux sont utilisés comme échantillons.
« Cela varie toujours un peu », indique Sebastian Stadlbauer. « Il y a des meulages pour lesquels on sait que l’on pourra fabriquer 50 skis sans le moindre problème. Pour d’autres, il faudra faire un contrôle au bout de dix ou 20 pièces déjà. »

Les données de mesure obtenues sont enregistrées et comparées les unes avec les autres. « Cela nous permet de repérer des tendances et, par exemple, de nous rendre compte qu’il est temps de remplacer les pierres ou les diamants », explique Sebastian Stadlbauer. Pour ce faire, il est important de pouvoir observer précisément la courbe de rugosité.

D’après notre expert, trouver le bon réglage de la machine est un véritable défi. De très nombreux facteurs peuvent avoir un impact sur la qualité du meulage. Outre les pierres et les diamants, les propriétés de l’eau utilisée peuvent également avoir leur importance.

Lorsque Fischer teste de nouveaux profils, ceux-ci sont d’abord poncés sur quelques skis. Un protocole d’essai est alors rédigé. Ensuite, Sebastian Stadlbauer et son équipe montent eux-mêmes sur les skis pour les tester. Car ce sont tous des passionnés de ski de fond. À l’aide de ce test, ils établissent la plage de tolérance adéquate pour la mesure de la rugosité.

Celle-ci dépend de la valeur Ra, RaMax et RaMin, et de la valeur Rz, RzMax et RzMin. « Nous regardons surtout la valeur Ra et y appliquons une plage de tolérance comprise entre 0,2 et 0,3 µm », ajoute Sebastian Stadlbauer. Ainsi, un ski peut par exemple avoir un meulage d’une valeur Ra comprise entre 2,2 et 2,4 µm.